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Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/334

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LE GRENADIER, LE POMMIER, L’OLIVIER ET LA RONCE


Le grenadier, le pommier et l’olivier contestaient de la qualité de leurs fruits. Comme la discussion s’animait, une ronce qui les écoutait de la haie voisine, dit : « Mes amis, cessons enfin de nous quereller. »

C’est ainsi que, dans les temps où les meilleurs citoyens sont divisés, les gens de rien essayent de se donner de l’importance.


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LE TROMPETTE


Un trompette qui sonnait le rassemblement ayant été pris par les ennemis, criait : « Ne me tuez pas, camarades, à la légère et sans raison ; car je n’ai tué aucun de vous, et, en dehors de ce cuivre, je ne possède rien. » Mais on lui répondit : « Raison de plus pour que tu meures, puisque, ne pouvant toi-même faire la guerre, tu excites tout le monde au combat. »

Cette fable montre que les plus coupables sont ceux qui excitent au mal les princes méchants et cruels.

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LA TAUPE ET SA MÈRE

Une taupe — la taupe est un animal aveugle — disait à sa mère qu’elle voyait clair. Sa mère, pour l’éprouver, lui donna un grain d’encens, et lui demanda ce que c’était : « C’est un caillou, dit-elle. — Mon enfant, reprit la mère, non seulement tu es privée de la vue, mais encore tu as perdu l’odorat. »

Pareillement certains fanfarons promettent l’impossible et sont convaincus d’impuissance dans les cas les plus simples.