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327
LE SANGLIER ET LE RENARD

Un sanglier, posté près d’un arbre, aiguisait ses défenses. Un renard lui demanda pour quelle raison, quand ni chasseur ni danger ne le pressaient, il affilait ses défenses. « Ce n’est pas pour rien, dit-il, que je le fais ; car si le danger vient à me surprendre, je n’aurai pas alors le loisir de les aiguiser ; mais je les trouverai toutes prêtes à faire leur office. »

Cette fable enseigne qu’il ne faut pas attendre le danger pour faire ses préparatifs.


328
LE SANGLIER, LE CHEVAL ET LE CHASSEUR

Le sanglier et le cheval partageaient le même pâtis. Comme le sanglier à chaque instant détruisait l’herbe et troublait l’eau, le cheval, voulant se venger de lui, recourut à l’aide d’un chasseur. Mais celui-ci ayant déclaré qu’il ne pouvait lui prêter main-forte que s’il consentait à recevoir un frein et à le prendre lui-même sur son dos, le cheval se soumit à toutes ses exigences. Alors le chasseur monté sur son dos mit le sanglier hors de combat, et, emmenant le cheval chez lui, l’attacha au râtelier.

Ainsi bien des gens, en voulant, sous le coup d’une colère aveugle, se venger de leurs ennemis, se jettent sous le joug d’autrui.


329
LA TRUIE ET LA CHIENNE FAISANT ASSAUT D’INJURES

La truie et la chienne faisaient assaut d’injures. La truie jurait par Aphrodite qu’elle déchirerait la chienne à belles dents. La chienne lui répondit ironiquement ; « C’est bien