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LE TAUREAU ET LES CHÈVRES SAUVAGES


Un taureau poursuivi par un lion se réfugia dans un antre où se trouvaient des chèvres sauvages. Frappé et encorné par elles, il leur dit : « Si j’endure vos coups, ce n’est pas que j’aie peur de vous, mais je crains celui qui se tient à l’entrée de la caverne. »

C’est ainsi que souvent la crainte d’un plus fort nous fait supporter les outrages d’un moins fort que nous.

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LE PAON ET LA GRUE


Le paon se moquait de la grue et critiquait sa couleur. « Moi, disait-il, je suis vêtu d’or et de pourpre ; toi, tu ne portes rien de beau sur tes ailes. — Mais moi, répliqua la grue, je chante tout près des astres et je m’élève dans les hauteurs du ciel ; toi, comme les coqs, tu marches sur le sol, avec les poules. »

Il vaut mieux être illustre sous un vêtement pauvre que de vivre sans gloire, en se panadant dans la richesse.

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LE PAON ET LE CHOUCAS


Les oiseaux délibéraient sur le choix d’un roi. Le paon prétendit se faire nommer roi à cause de sa beauté, et les oiseaux allaient voter pour lui, quand le choucas s’écria : « Mais si, quand tu régneras, l’aigle nous donne la chasse, quel secours pourrons-nous attendre de toi ? »

Cette fable montre qu’il ne faut pas blâmer ceux qui, prévoyant les périls futurs, prennent leurs précautions à l’avance.