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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/13

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déterminer exactement le chiffre ; celui de 12 millions nous paraît cependant exagéré.

Placée à cheval sur le massif montagneux qui sert de ligne de partage aux eaux qui se déversent au nord vers la mer Caspienne ou la mer d’Aral, et au sud vers l’océan Indien, cette population se divise tout d’abord en deux grandes catégories, dont l’une appartient, par les mœurs et par les idiomes originaires, aux races du Touran, c’est-à-dire de la grande dépression aralo-caspienne, et l’autre, à celle de l’Iran, vaste région de plateaux qui, des montagnes de l’Arménie, s’étend jusqu’à la ligne de faîte qui limite, au N. O., le bassin de l’Indus.

Le Touran presque tout entier est aujourd’hui le vassal de la Russie ; l’Iran est l’objet des convoitises de l’Angleterre.

Ainsi qu’un simple coup d’œil jeté sur une carte permet de s’en rendre compte, l’Afghanistan forme l’extrémité orientale de l’Iran. Les langues qu’on y parle sont des dialectes iraniens ; mais, par sa situation entre l’Iran, le Touran et l’Hindoustan, la population iranienne, par essence, appartient à trois domaines ethnographiques et se compose de races différentes ou mélangées.

Ces races sont au nombre de neuf les Afghans, les Tats (Parsivans, Sarthes, Galchas ou Tadjiks), les Kafirs, les Kizilbachis, les Hézaris, les Ouzbegs, les Arabes, les Djats et les Hindous.

Les Afghans méritent une attention spéciale, puisque ce sont eux qui forment la race prépondérante dans le pays, dont ils représentent plus de la moitié de la population ; qu’ils en sont les véritables aborigènes et que c’est d’eux qu’il a pris son nom.

Leur origine a été dans le monde savant l’objet de nombreuses contestations.

Ils se disent de race juive et font remonter leur généalogie au roi Saül. « On défend cette thèse, dit M. de Coutouly, en observant qu’ils ont le type juif, que leurs traditions sont formelles, qu’ils sont divisés en clans et en familles, qu’ils pratiquent la cérémonie du bouc émissaire et qu’ils établissent des lieux de culte sur les hauteurs. » Mais cette théorie rencontre une objection bien sérieuse : c’est qu’il ne se trouve aucune trace d’éléments hébreux dans la langue afghane, évidemment iranienne.

On peut, en outre, démontrer aujourd’hui, aussi bien par les témoignages de l’histoire que par les rapprochements ethnologiques, que, depuis les temps les plus reculés, les Afghans ont habité le bassin du Caboul-Daria, où les écrivains anciens nous les montrent sous le nom véritablement national, qu’ils portent encore