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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/16

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dignes d’un homme la plupart des occupations qui y retiennent généralement les habitants dans les autres pays. Ils abandonnent aux Hindous la banque des opération commerciales. Ils ne consentiraient pas à exercer un art mécanique ; et, s’ils ne peuvent se suffire par leurs seules ressources personnelles dans les villes, ils restent dans les campagnes, où ils s’adonnent assez volontiers à l’élevage des troupeaux et même à l’agriculture.

La vie pastorale et nomade, de moins en moins appréciée, il faut le reconnaître, est cependant encore très-populaire chez les Afghans. Elle leur offre, en effet, plusieurs avantages qu’il leur serait difficile de trouver dans un autre genre d’existence : l’aisance sans grand travail, la sécurité, une grande variété dans la vie, le plaisir de la chasse, qui n’est nulle part aussi aimé que dans ce pays, et enfin une liberté complète.

Tous les Afghans sont passionnés pour l’indépendance. Amis du danger, recherchant volontiers les aventures de toutes sortes, endurcis aux fatigues et aux intempéries, braves, hardis, agiles et sobres, intrépides cavaliers et solides marcheurs, ils sont éminemment propres à faire de bons soldats, et forment une race énergique, guerrière, turbulente et batailleuse, qui, réunie dans un moment de crise par son amour de la patrie et par la haine de l’étranger, serait capable des plus grandes choses.

Mais toute médaille a son revers, et à ces belles qualités les Afghans opposent souvent de grands défauts : ils passent notamment pour n’avoir que fort peu de respect pour la propriété de quiconque n’appartient pas à leur clan où à leur famille, et pour pousser l’esprit de la vengeance au delà de toutes les limites.

Dans une série d’articles que M. le général Wolseley a publiés sur l’armée des Indes et qui ont paru dans la North American Review, cet officier général, parlant des diverses races qui concourent à la formation de cette armée, fait un portrait des Afghans que mes lecteurs me sauront gré de mettre sous leurs yeux, et que je reproduirai tel qu’il a paru dans la Revue militaire de l’étranger du 28 septembre dernier.

Cet article rapporte, bien entendu, aux Afghans qui habitent le long des frontières de l’Inde et notamment les environs de Peschawar ; mais on peut admettre, sans crainte d’erreur, que le tableau qui y est fait de leur caractère et de leur mœurs s’appliquerait aussi bien à une grande partie de leurs compatriotes restés indépendants.

« Les Afghans, dit le général Wolseley, sont en général dévoués entièrement à leur pays et à leur clan ; ils possèdent ce que nous appellerions une grande vanité de naissance, et font remonter très--