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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/17

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haut leur origine à travers une longue suite d’ancêtres. Ils sont vindicatifs et rapaces, braves, hardis, rusés et prudents.

« Les Afghans sont presque toujours en guerre ; ils luttent non seulement de tribu à tribu, de village à village, mais encore de famille à famille. Chaque famille tient à jour, en ce qui concerne ses voisins, une sorte de compte de débit et de crédit ; une mort en exige une autre.

« Non-seulement l’assassinat de sang-froid est permis, mais il est ordonné comme un article de foi. Le code de la morale aussi bien que celui de l’honneur prescrivent à l’Afghan de tuer sur-le-champ, dès qu’il le rencontre, l’homme avec lequel ou avec la famille duquel sa famille a une question de sang.

« Il arrive souvent, continue le général Wolseley, qu’un de nos soldats demande à son officier une courte permission, soi-disant pour aller visiter ses amis dans la montagne ; en réalité, il veut tuer quelque voisin odieux à sa famille, ou bien encore il se propose de faire la balance des comptes ouverts au chapitre du meurtre, entre son village et ses parents et quelque autre village ou quelque autre famille du district. Sa permission obtenue, il se dirige vers les montagnes où sa race vit dans l’indépendance par delà nos frontières, et, après avoir tué son homme, il retourne à ses devoirs militaires entièrement satisfait de lui-même.

« Le sang pour le sans, le fer et le feu pour tous les infidèles, tels sont les deux principaux commandements de ces peuples.

« L’hospitalité est une vertu dont ils font le plus grand cas. Tant que vous êtes sous le toit d’un de ces hommes, vous n’avez rien à craindre ; une fois que vous l’avez quitté, ce même hôte qui, une heure auparavant, déclarait que tous ses biens vous appartenaient, cet hôte qui se proclamait votre esclave et se laisser aller à ces fictions orientales de pure convention, vous assassinera sans scrupule, avec le plus grand sang-froid, si par hasard il a pris fantaisie des vieilles bottes que vous portez.

« Chez les Pathans, la mère prie afin que son fils devienne un voleur émérite, et les mollahs, dont l’influence est grande chez ce peuple, les encouragent même dans leur penchant au vol. La plupart de ces tribus n’ont d’autres ressources que leurs troupeaux. Comme la conduite et la garde du bétail n’occupent qu’un petit nombre d’indigènes, le mauvais esprit exerce aisément son influence sur ces bandes d’hommes paresseux, mais vigoureusement musclés, et leur fait commettre des actes de violence. Dans leurs idées, l’assassinat est un genre de guerre aussi noble que celui que nous pratiquons, et l’on ne saurait leur faire établir une distinction quelconque entre le meurtre d’un ennemi pris individuellement et sa destruction en gros sur le champ de bataille.