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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/33

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difficulté une question ayant une importance capitale. Dieu sait si l’obstacle dont on parle est assez fort pour résister aux puissants moyens techniques de notre époque, et quelques charges de dynamite suffiraient sans doute pour changer la situation politique générale des deux hémisphères. » La conclusion inévitable c’est la rentrée des Russes à Khiva et leur occupation définitive de tout le khanat ; la conclusion possible c’est la prise de possession de tout le pays jusqu’aux plateaux de Pamir, d’où l’on peut descendre à la fois vers la Chine, vers l’Hindoustan et l’Afghanistan. C’est donc peut-être au plateau de Pamir, le Toit du monde, qu’est le nœud véritable de la question d’Orient.

2° Dans le bassin du nord, nous trouvons encore la rivière Murg-Ab, cours d’eau fort important dans certaines saisons, qui prend sa source à la naissance des monts Sefid-Koh (Sefid occidental), et va se perdre dans les déserts du Turkestan, au-dessous de la ville de Merv ou Nau-Kala, après avoir reçu les petites rivières de Dara et de Kushk.

Pendant son trajet dans l’Afghanistan, le Murg-Ab coule dans une riante vallée et arrose les villages de Shah-Mashab, Bala-Murgab, place forte, Maranchak, Agah, Panj-Deh et Robat-Abdula-Khan. Son cours est rapide, ses eaux sont claires. Au sud de Bala-Murg-Ab, la vallée du Murg-Ab devient peu à peu si étroite, qu’on pourrait l’appeler un défilé.

« La rivière, dit le voyageur Vambery, s’y précipite en écumant avec un bruit de tonnerre, et c’est seulement en aval de Panj-deh que le Mourg-Ab, devenu plus large et plus profond, modère son violent essor. »

Quand Merv était une ville riche et puissante, il a dû exister dans ces parages une civilisation assez avancée ; mais aujourd’hui les Turcomans y ont élu domicile, et la ruine et la désolation accompagnent partout leurs bandes sauvages. Les habitants du pays, d’origine iranienne, ont pris le costume et la manière de vivre des Turcomans, et se livrent comme eux au pillage et à des razzias redoutables[1].

Leurs chefs actuels sont à la solde des Afghans et ont, au dernier siége de Hérat, mérité, par leurs services, les faveurs de Dost-Mohammed et de son successeur Shere-Ali. Néanmoins, leur fidélité est très-précaire, et pour peu qu’ils y trouvent un avantage, ils sont capables de se soulever d’un moment à l’autre, car ils n’admettent pas que le maître de Hérat puisse avoir le moindre droit sur eux.

  1. Arminius Vambery.