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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/45

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moins à les arrêter dans leur retraite sur Caboul ; et que si, d’un autre côté, elle parvenait dans la vallée du Logar, elle deviendrait immédiatement maîtresse de la route de Caboul à Ghazni, et intercepterait ainsi toutes les communications de la capitale avec Candahar et le sud de l’Afghanistan.

Les villes anglo-indiennes de Kohat et de Bannu sont les deux places naturellement désignées pour servir de première base d’opérations à toute armée d’invasion destinée à remonter la vallée du Kurum. De chacune d’elles part une route se dirigeant sur Thall ou Thull, localité située 4 l’extrême frontière indienne, à l’entrée même de cette vallée.

Kohat est une ville de 6,000 à 8,000 habitants, bâtie dans un angle formé par les montagnes du Selid oriental, sur la rivière de Kohat ; sa position astronomique est 33°, 35’ latitude N. et 69°, 10’ longitude E. C’est une place forte qui renferme en tous temps une garnison de deux à trois mille hommes ; elle est distante de 55 kilomètres S.-S.-O. de Peschawar, à laquelle elle est reliée par une bonne route. À 4 kilomètres au nord de Kohat, cette route entre sur le territoire des Affrides indépendants, qu’elle traverse pendant une vingtaine de kilomètres ; elle passe ensuite sous le fort anglais de Mackeson et se dirige de là, droit au nord, vers Peschawar.

Les environs de Kohat sont, paraît-il, ravissants ; le pays est admirablement cultivé, la végétation luxuriante ; de nombreux cours d’eau descendent en cascades des montagnes avoisinantes et entretiennent une fraicheur délicieuse dans la vallée ; toutes les routes sont parfaitement entretenues et bordées d’arbres magnifiques ; enfin, le climat est excellent en toutes saisons, même pour les Européens. Cependant l’idéal de la vie champêtre n’y est pas sans mélange. Les habitants de la montagne font de fréquentes incursions dans la plaine, et y commettent même de si nombreuses déprédations que, pour assurer autant que possible la sécurité du pays, on a dû le couvrir de petits postes d’observation. Ces petits postes, qu’on rencontre en grand nombre, du reste, tout le long de la frontière anglo-indienne, sont des tours en terre d’une trentaine de pieds d’élévation, et dans lesquelles les gardes qu’on y place pénètrent au moyen d’échelles, la porte d’entrée étant située au milieu de la hauteur du bâtiment. Une fois chez eux, ces gardes doivent avoir grand soin de retirer immédiatement leur échelle, dont les Affrides, qui volent tout, « depuis une pierre tumulaire jusqu’à un poulet, » ne manqueraient pas de s’emparer.

De Kohat, une route en très-bon état d’entretien se dirige sur Thall, distant de 100 kilomètres environ, en passant par Hangu, Nuriab, Torawaru et Darnan.