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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/48

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Les tribus Djadgis, Waziris ou Mangales, qui habitent les montagnes des environs, sont éminemment batailleuses, avides d’aventures et surtout de butin, et ce n’est qu’en laissant le long de la route des détachements spéciaux, capables d’exercer d’énergiques représailles contre ces indigènes capables de toutes les atrocités, qu’un corps d’armée parvenu au Peïwar pourra maintenir ses relations avec Thall ou le fort du Kurum.

La passe de Peïwar, distante du fort Mohamed-Azim d’environ 30 kilomètres, est située à près de 2,500 mètres d’altitude ; elle est dominée au nord par le mont Sikaram, dont la hauteur est évaluée à 4,775 mètres, et au sud par le plateau de Peïwar, énorme barrière de plus de 25 kilomètres de longueur, qui ferme complétement la vallée du Kurum, depuis le lit de cette rivière jusqu’au massif du Sikaram.

Le défilé de Peïwar est le seul passage par lequel une armée puisse franchir cette barrière. À quelques kilomètres au nord se trouve bien une route praticable pour des troupes, celle du Spinghori-Rud ou Sefid-Koh-Rud (rivière du mont Blanc), mais elle se confond bientôt avec la voie principale, et on peut dire qu’elle n’en est qu’une annexe. Quant aux autres chemins qu’on rencontre le long de ces hauteurs, ils sont accessibles à peine pour des petites colonnes légères. La possession de la passe de Peïwar est donc de la plus haute importance pour l’attaque comme pour la défense ; aussi voyons-nous que, dans l’expédition de 1878, les Afghans y ont opposé une énergique résistance aux troupes du général Roberts.

En sortant du défilé de Peïwar, la route de Caboul tourne tout à coup vers l’O.-S. et descend, par une pente excessivement rapide, dans une vallée boisée, fertile et bien arrosée, où se trouvent de nombreux villages, parmi lesquels je citerai Djadran, Baïram-Khel et Ali-Khel. Ce dernier, situé à 20 kilomètres de l’entrée de la passe de Peïwar, présente des ressources importantes pour l’installation d’un camp et l’approvisionnement des troupes.

D’Ali-Khel la route se redresse brusquement vers le N.-O., traverse le village de Rokian et la passe du même nom, point important pour la défense, rencontre les villages d’Hézarderakht, Djadjthana, Katlasang, et franchit les monts Sefid par les défilés de Sirkaï et de Schuturgardan, qui sont les seules portes par lesquelles une armée venant du Kurum peut pénétrer dans le bassin du Logar et descendre de là sur Caboul ou se diriger vers le sud-ouest sur Ghazni.

La passe de Schuturgardan (dos de chameau) est à environ 13,000 pieds en-dessus du niveau de la mer. Le froid s’y fait tellement sentir, qu’au mois d’avril 1857 la petite escorte de Lumsden,