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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/85

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les rattacher à la grande famille arménienne ; mais ce système n’a pu supporter un long examen : aucune similitude n’existe entre les langues, et Elphinstone nous raconte à ce sujet, qu’un jour ayant lu une grande partie d’un vocabulaire pouchtou à un Arménien instruit, celui-ci n’y put découvrir un seul mot se rapprochant de la langue nationale. « Des deux cent dix-huit mots pouchtou que j’ai comparés avec leurs correspondants en persan, zend, pehlevi, sanscrit, hindoustani, arabe, géorgien, hébreu et chaldéen, dit M. Perrin, j’en ai trouvé cent dix qui ne pourraient être rapportés à aucune de ces langues, mais paraissent tout à fait différents et originaux. Quant au reste, la plus grande partie sont persan moderne ; mais quelques-uns sont venus du zend dans cette langue et en plus grande proportion encore du pehlevi, tandis que plusieurs appartiennent à ces deux langues, mais n’ont pas été introduits dans le persan moderne. Quelques-uns de ces mots zend et pehlevi sont cependant communs au sanscrit, ces trois langues ayant une grande affinité ; on rencontre aussi quelques mots qui ne se trouvent que dans le sanscrit et dans l’hindoustani. Pas un seul des deux cents dix-huits mots n’offre la plus légère apparence d’une source hébraïque, chaldaïque, géorgienne ou arménienne. »

Aujourd’hui il est établi d’une manière indiscutable que la langue afghane appartient au groupe indo-germanique ; en s’appuyant sur cette puissante donnée, ainsi que sur les témoignages de l’histoire qui arrivent de jour en jour plus nombreux et plus concluants, on en est arrivé à démontrer d’une façon péremptoire que les premières tribus afghanes ont leur origine intimement liée avec celle des peuples aborigènes du massif montagneux qui forme le nord-ouest de l’Inde.

Si discréditée que soit maintenant la légende qui fait descendre les Afghans des Juifs, il m’a paru qu’il ne serait cependant pas sans intérêt de la rappeler ici en quelques lignes, puisqu’elle est fortement enracinée dans le pays : Malek-Talut (le Saül de l’Écriture) serait le chef de leur race ; il avait deux fils, Berkia, et Irmia, qui se rendirent célèbres à la tête des armées du roi David. Berkia eut un fils, Afghama, grand chasseur et grand voyageur, qui, après la captivité des tribus juives, se retira avec les siens dans les montagnes où la race afghane a vécu depuis.

« Les Afghans disent qu’ils restèrent juifs jusqu’au temps où Khalid, désigné par le titre de calife, les appela, dans le premier siècle de l’islamisme, pour l’aider à faire la guerre aux infidèles. Kaïsé, leur chef, en récompense des services qu’ils avaient rendus dans cette occasion, reçut le nom d’Abdoulrechid (serviteur du juste). On lui dit aussi de se regarder comme le batan ou le mât de sa tribu, par lequel le vaisseau de leur état serait dirigé. Depuis