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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/84

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d’illustres orientalistes. Sir W. Jones, président de la Société asiatique de Calcutta, l’accueillit un des premiers, s’appuyant sur une concordance qu’il croyait avoir découverte entre la langue pouchtou et le chaldéen. M. Klaproth, qui s’est livré à de minutieuses recherches sur l’idiome des Afghans, a démontré, au contraire, dans plusieurs mémoires, que l’assertion de sir W. Jones, malgré l’autorité de ce savant, ne reposait pas sur des fondements sérieux et que le pouchtou appartient à la grande famille indo-germanique. C’est aussi l’opinion d’Elphinstone.

Burnes a embrassé l’avis de sir W. Jones : « Je ne vois pas de bonne raison, dit-il, pour ne pas croire à ces traditions des Afghans, bien qu’elles offrent quelques anachronismes et que les dates ne correspondent pas exactement avec celles de l’Ancien Testament. Dans les histoires de la Grèce et de Rome nous trouvons de semblables altérations, de même que dans les derniers ouvrages des écrivains arabes et musulmans. Les Afghans ressemblent aux Juifs, et chez eux le frère cadet épouse la veuve de son frère aîné, conformément à la loi de Moïse. Les Afghans ont de fortes préventions contre la nation juive, ce qui montrerait au moins qu’ils ne réclameraient pas, sans une juste cause, leur descendance de ce peuple. Puisque quelques-unes des tribus d’Israël furent amenées dans l’est, pourquoi ne pas admettre la conjecture suivant laquelle les Afghans en sont la postérité convertie à l’islamisme ? Je sais que mon sentiment diffère de celui de M. Elphinstone, qui est une autorité imposante, mais je crois que j’ai appuyé le mien sur des motifs raisonnables. »

M. Eyriès combat énergiquement cette manière de voir et cite à ce propos l’opinion du professeur S. Lee, de Cambridge : « S’il y avait la moindre chose qui put approcher de la vérité dans l’histoire de leur descendance des Juifs, il est raisonnable de supposer que leur langue serait de l’hébreu pur, ou un dialecte qui s’en rapprocherait beaucoup ; mais c’est tout le contraire. Cette descendance prétendue est donc une pure fable, de même que leur empressement à embrasser l’islamisme. Quelques personnes ont été assez crédules pour ajouter foi à l’histoire de cette descendance, et ensuite pour s’imaginer qu’elles avaient découvert chez ce peuple les dix tribus d’Israël, ce qui est beaucoup plus que les Afghans eux-mêmes ne supposent. Cette partie de la nation revint de la captivité, à l’exception des individus qui avaient embrassé la religion des idolâtres, ce dont le Nouveau Testament ne permet pas de douter un instant. Je ne vois donc pas la moindre probabilité de les retrouver soit dans le Candahar, soit ailleurs. »

D’autres auteurs ont voulu reconnaître dans les Afghans des descendants des Albanais du Caucase, dont le nom s’écrit Aghvans, et