Page:Études religieuses, historiques et littéraires, volume 69, septembre-décembre 1896.djvu/388

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l’ennemi de Diana, parce qu’elle lui a refusé 1500 francs, il ne le nommera pas pour éviter un scandale. Trois évêques ont vu la convertie, et l’ont entendue en confession, mais il ne peut les nommer. Enfin, il l’a vue, lui, et il l’affirme avec serment.

Cette apologie ne parut pas décisive : après des discours en sens divers, le Congrès renvoya l’affaire à une commission du Comité romain, et passa à l’ordre du jour.

Rien ne semblait décidé ; mais une fois la question posée, la lumière allait paraître. Humiliée des railleries protestantes à l’adresse des catholiques qui croient encore à la fiancée d’Asmodée et au démon Bitru, la Kölnische Volkszeitung poursuivit son enquête, et le 13 octobre elle portait le dernier coup à l’abominable supercherie.

On ne l’a pas oublié, lorsque le Diable au dix-neuvième siècle parut en 1893 sous le nom du Dr Bataille, tant de drôleries fantastiques, même garanties par M. Léo Taxil, trouvèrent, du moins à Paris, le public catholique fort défiant. Or tout à coup fut annoncée une conférence publique où l’auteur se ferait connaître. Nombre de prêtres accoururent à la réunion dont le bureau fut composé d’éminents catholiques. Le Dr Bataille parut en effet : c’était de son vrai nom le Dr Hacks, ancien médecin des Messageries maritimes. Il se déclara l’auteur du Diable et affirma sur tous les tons avoir été le témoin oculaire des scènes racontées. Plusieurs le crurent : son aplomb, les sentiments chrétiens qu’il affichait ôtèrent même la pensée de rechercher quel était cet adversaire si hardi de la franc-maçonnerie.

Mais cette recherche vient d’être faite, et elle a établi qu’à cette époque même, le Dr Hacks était libre-penseur et athée. Dans un ouvrage paru à la fin de 1892, et qui devait s’imprimer au moment même où il signait la dévote préface du Diable (elle est datée du 29 septembre 1892, fête de Saint- Michel)[1], il traite toutes les religions de momeries, le christianisme de foi névrotique caractérisée par « l’hystérie de la

  1. Charles Hacks, le Geste (avec illustrations). Paris. Marpon et Flammarion, 1992. D’après la Bibliographie de la France, Journal général de l’Imprimerie et de la Librairie, numéro du 7 janvier 1893, cet ouvrage a paru le 26 décembre 1892.