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Page:Œuvre des écrivains haïtens, Auteurs haïtiens, morceaux choisis, 1904.djvu/29

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PÉTION



I


Quand le ciel se dorait d’un beau soleil couchant ;
Quand il voyait le soir aux brises d’Orient
Jeter les premiers plis de son écharpe noire,
Et qu’au pied du palmier quelques soldats assis,
Quelques vieux compagnons d’infortune et de gloire,
Contaient leurs peines, leurs soucis,

Il s’approchait alors, toujours pensif et sombre,
Recueillait leurs aveux, se mêlait à leur nombre,
Et parlait à chacun comme à son propre enfant.
Puis, il s’en retournait triste et mélancolique ;
Puis, quand la nuit venait, il la passait, rêvant
Aux destins de la République.

Et son cœur palpitait, et son front incliné
Dans ses deux mains tombait, de rides couronné.
Oh ! que d’illusions dans son âme bercée !
Le présent trop étroit ne peut les contenir,
Et sa pensée alors, sa sublime pensée,
Vole au-devant de l’avenir !

II


Ainsi, lorsqu’au doux bruit des voiles,
Aspirant le parfum des mers,
Le nautonnier voit les étoiles
Briller et flotter dans les airs,