Aller au contenu

Page:Œuvres Complètes de M. Le Vicomte de Chateaubriand, éd. Pourrat, tome 18, 1836.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peuple est enclin au repos ; et pour peu qu’il soit régi par des institutions tolérables, il se laisse facilement conduire par les plus petits ministres du monde ; cela le délasse et l’amuse : il compare ces pygmées aux géants qu’il a vus, et il rit. Il y a des exemples de lions attachés à un char et menés par des enfants ; mais ils ont toujours fini par dévorer leurs conducteurs.

Pour les véritables saints et les hommes supérieurs, la religion est un admoniteur sévère qui leur apprend à s’humilier et leur enseigne la vraie vertu ; pour les hommes passionnés et vulgaires, ses leçons ne servent qu’à nourrir l’orgueil humain et à donner des apparences de vertu. « Je marche sur la tête de mes amis et de mes ennemis : qui peut dire cependant que je manque d’humilité ? ne me suis-je pas mis à genoux ? »

Écoutez cet homme qu’on appelle monseigneur : il vous dira qu’il n’est qu’un vilain, qu’il veut rester un vilain, qu’il n’est pas fait pour occuper la place qu’il occupe, que la révolution ne sera finie que quand un vilain comme lui cessera d’être un des premiers personnages de l’État. Monseigneur a cependant porté le bonnet rouge pour cesser d’être un vilain, comme il porte un habit brodé et un titre pour sortir de la classe des vilains. Fiez-vous à l’humilité de monseigneur, et croyez au paysan du Danube.

Les mendiants vivent de leurs plaies : il y a des