Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/200

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ne pourraient avoir recours à ces artifices, car où en trouverait-elles les moyens ? Ils disent que de tels abus naissent chez nous de l’oisiveté des femmes et de leur paresse qui les affaiblissent, les pâlissent, et diminuent leur taille en la ployant. Alors il faut simuler la fraîcheur du coloris, se grandir par des chaussures élevées et paraître belle par la frèle délicatesse des formes, et non par la force d’une bonne constitution ; et c’est ainsi qu’elles détruisent leur tempérament et celui de leurs enfants.


Si, par hasard, un homme et une femme s’éprennent mutuellement l’un de l’autre, il leur est permis de converser et de jouer ensemble, de se donner des guirlandes de fleurs ou de feuillage et de s’adresser des vers. Mais s’ils ne sont pas dans les conditions voulues pour une bonne génération, ils ne peuvent en aucuns cas s’unir sexuellement, à moins que la femme ne soit déjà enceinte (ce que l’amant attend avec impatience), ou bien qu’elle ne soit stérile. Au reste, ils ne connaissent guère que l’amitié en amour, et ne sont presque jamais poussés par la concupiscence. Les Solariens attachent en général peu d’importance aux choses matérielles et s’en inquiètent à peine, car chacun reçoit tout ce qui lui est nécessaire, et le superflu ne lui est donné qu’à titre de récompenses honorifiques, ces récompenses se distribuent dans les grandes solennités ; où l’on offre aux héros ainsi qu’aux héroïnes, soit de belles couronnes, soit des vêtements somptueux, soit des mets plus exquis. Bien qu’ils portent des vêtements blancs le jour et dans la cité, pour sortir de la ville et pendant la nuit ils en portent de rouges, soit en laine, soit en