Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/205

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et des maîtresses, afin qu’elles puissent, si la nécessité l’exige, secourir les hommes dans une bataille qui serait livrée près de la cité ou défendre les remparts, en cas d’invasion soudaine ; elles imitent et honorent ainsi les Lacédémoniennes et les Amazones. Elles savent fondre des balles et les lancer, à l’aide d’une arquebuse, écraser l’ennemi du haut des créneaux, avec des pierres, et soutenir son attaque ; elles sont habituées à chasser la peur de leur âme, et celles qui en montreraient seraient sévèrement punies. Les Solariens ne craignent pas la mort, car ils croient tous que l’âme est immortelle, et qu’en sortant du corps elle va rejoindre les bons ou les mauvais esprits, selon ses mérites. Quoiqu’ils soient brachmanes et pythagoriciens, ils n’admettent la transmigration des âmes que par quelques jugements exceptionnels de Dieu. Ils ne craignent pas de frapper tout ennemi de leur république et de leur religion, car il est, par cela seul, disent-ils, indigne de pitié. On passe l’armée en revue tous les deux mois, et tous les jours on l’exerce, soit dans un camp, soit dans l’enceinte de la cité. On lit des livres où il est traité de l’art militaire, tels que les histoires de Moïse, de Josué, de David, des Machabées, de César, d’Alexandre, de Scipion, d’Annibal, etc. ; après chaque lecture tout le monde émet son opinion. Le professeur répond ensuite et décide les questions débattues.

L’HOSPITALIER.

Mais avec qui un peuple aussi heureux peut-il être en guerre ? quelles causes le décident-elles à se battre ?