Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/206

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LE GÉNOIS.

Les Solariens n’auraient-ils aucune alternative de guerre, ne cesseraient pas pour cela de s’exercer dans l’art militaire et la chasse, afin de ne pas s’amollir et de n’être pas pris au dépourvu ; mais il n’en est pas ainsi, car il existe quatre autres royaumes dans la même île, dont les rois sont très-jaloux de leur félicité, car les peuples qu’ils gouvernent, au lieu de leur obéir, voudraient vivre à la manière des Solariens et même être leurs sujets ; c’est pourquoi ces rois déclarent souvent la guerre aux habitants de la cité du soleil, la motivant sur ce que ceux-ci ont usurpé une partie de leurs États et sur ce qu’ils mènent une vie impie, n’ayant pas d’idoles et ne suivant ni la religion des autres païens, ni celle des anciens brachmanes. Les Indiens les attaquent comme des sujets révoltés, et les habitants de Taprobane, qui les aidèrent d’abord, se déclarent aussi contre eux maintenant ; cependant les Solariens sont toujours victorieux. Aussitôt qu’ils ont reçu quelque insulte, ou que leurs alliés ont été lésés, ou bien encore qu’une ville opprimée les appelle comme libérateurs, ils s’assemblent en conseil, et après s’être agenouillés, ils demandent à Dieu de leur inspirer une bonne résolution ; ensuite ils examinent de quel côté est le bon droit, et s’ils jugent que ceux qui les ont appelés à leur aide ont raison, ils déclarent la guerre de la manière suivante : un prêtre, nommé le Forensis, est député sur l’heure vers les ennemis pour leur demander soit la restitution du butin, soit la cessation de toute hostilité envers leurs alliés, soit la délivrance des villes