Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/214

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guerre, à moins qu’ils ne les emploient à creuser des fossés ou à faire d’autres travaux fatigants hors de la ville. Quatre troupes de soldats veillent sans cesse sur les champs et sur ceux qui y travaillent. Ils sortent chaque jour par les quatre portes de la ville, qui s’ouvrent sur quatre routes allant jusqu’à la mer, et facilitant le transport des marchandises et le voyage des étrangers, envers lesquels les Solariens se montrent toujours prévenants et généreux. Pendant trois jours tous les étrangers sont nourris aux frais de la communauté. On commence par leur laver les pieds ; puis on leur fait parcourir la Cité, et on leur en explique tous les usages ; ils sont admis à l’honneur de la table commune. Des magistrats sont spécialement chargés de veiller à la sécurité, ainsi qu’au bien-être des hôtes de la ville. S’ils ont le désir d’en devenir citoyens, on les fait passer par diverses épreuves, pendant un mois à la campagne et pendant un mois dans la Cité même ; ensuite on décide de l’admission ou du refus. En cas d’acceptation, ils sont reçus après certaines cérémonies et plusieurs serments qu’on leur fait prêter. Les Solariens font un si grand cas de l’agriculture, qu’ils ne laissent pas une palme de terre inculte. Ils observent les vents et les constellations pour tous leurs travaux des champs. Quand l’époque propre à chaque opération est arrivée, ils sortent presque tous armés de la ville, trompettes et tambours en tête et précédés de bannière, pour labourer, semer, sarcler, moissonner, cueillir les fruits et vendanger. En peu d’heures tout est terminé. Ils ont inventé et se servent de chars surmontés de voiles qui marchent même contre le vent, grâce à un admirable mécanisme de roues opposées les unes aux autres. Lorsque le vent manque tout-à-fait, une seule bête