Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de somme suffit à traîner le plus grand de ces chars. C’est une admirable invention ! Des gardes du territoire armés parcourent la campagne tour à tour. Les Solariens ne se servent ni de fumier, ni de boue pour engrais, pensant que ces deux modes de fertiliser la terre corrompent la semence, dont les fruits énervent et abrègent la vie. Ils comparent à ce propos la terre à la femme qui s’embellit par le fard et non par l’exercice de son corps, et qui engendre, faute de vigueur, une progéniture faible et languissante. Et de là, ils concluent qu’il ne faut pas non plus farder la terre, mais se contenter de l’exercer ; ce qu’ils font, du reste, avec un art infini ; car ils ont des secrets pour hâter la fécondation de la semence, la multiplier et empêcher qu’elle ne se perde. Ils ont un livre sur ces matières, intitulé : Géorgiques. Ils ne cultivent une part de leur territoire que pour ce qui est nécessaire à leurs besoins. Le reste sert de pâturages aux bestiaux.


L’art d’élever et de soigner les chevaux, les bœufs, les moutons, les chiens et en général tous les genres d’animaux domestiques ou apprivoisés, est estimé chez eux comme il le fut du temps d’Abraham. On accouple ces animaux de manière à produire de belles races. On représente en peinture les bœufs, moutons et chevaux les plus beaux. Les étalons ne paissent pas avec les juments ; ce n’est qu’en temps opportun qu’on les accouple dans les cours des écuries champêtres. On consulte, pour connaître le moment favorable, le Sagittaire, sous une bonne influence de Mars et de Jupiter ; pour les bœufs, le taureau ; pour les moutons, le bélier, etc., selon les lois de l’astrologie. Les poules sont sous l’influence