Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/218

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productifs et utiles, tels que les bœufs et les chevaux. Ils distinguent fort bien les aliments nuisibles des aliments salubres ; en cela la médecine leur est fort utile.


La composition du repas change tous les jours. Un jour, c’est de la viande, le lendemain, du poisson, et le troisième jour, des légumes. Le quatrième, ou revient à la viande, et ainsi de suite, afin que l’estomac ne se fatigue pas. Les aliments d’une digestion plus facile sont réservés aux vieillards, qui mangent trois fois par jour, mais fort peu chaque fois. La communauté fait deux repas et les enfants quatre, selon l’avis du médecin. Les Solariens vivent ordinairement jusqu’à cent ans, plusieurs même jusqu’à deux cents ans.


Ils sont très-tempérants. L’usage du vin n’est permis aux jeunes gens qu’à l’âge de dix-neuf ans, à moins que leur santé ne l’exige. À cette époque, ils le boivent coupé d’eau, de même que les femmes. La plupart des hommes de cinquante ans n’y mettent plus d’eau. Ils mangent les aliments les plus substantiels de chaque saison, suivant en tout cela le régime prescrit par le proto-médecin chargé de ce soin. Les Solariens pensent qu’aucun produit de la terre ne peut être nuisible au temps où Dieu le fait naître, à moins qu’on n’en abuse. Ainsi, durant l’été, ils se nourrissent de fruits, qui, par leurs sucs et leur fraîcheur, les soulagent de la soif et de la chaleur ; pendant l’hiver, de fruits et de légumes secs ; en automne, de raisins, que Dieu fait mûrir à cette époque de l’année pour chasser l’humeur noire et la tristesse. Ils