Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la science ou à l’industrie qu’il a négligée. Les Solariens se conduisent les uns envers les autres de telle sorte, qu’on les dirait les membres d’un même corps. Il faut encore que tu saches que si quelqu’un va s’accuser lui-même d’une faute secrète, en en demandant la punition à son magistrat, celui-ci commue la peine qu’on aurait infligée au coupable, s’il n’eût pas fait l’aveu de sa faute. On est toujours en garde pour que personne ne succombe sous une accusation calomnieuse ; au reste, le calomniateur est puni par la loi du talion, c’est-à-dire, qu’il subit la peine qui eût été prononcée contre le calomnié. Comme les Solariens ne sont jamais seuls, mais toujours réunis par groupes, il faut cinq témoins pour qu’une accusation soit valable. À défaut de témoins, on renvoie l’accusé sur son serment d’innocence, en l’avertissant toutefois. Si la même accusation est portée une seconde et une troisième fois contre le même individu, il suffit de deux ou trois témoins pour qu’il soit condamné à une peine double. Leurs lois peu nombreuses, courtes et claires sont écrites sur des tables d’airain suspendues aux portes et aux colonnes du temple. Les définitions de l’essence des choses sont inscrites sur chaque colonne, en style métaphysique très-concis ; c’est-à-dire, ce que c’est que Dieu, les anges, le monde, les étoiles, l’homme, le destin, la vertu, etc. ; tout cela est expliqué très-savamment. On voit là la définition exacte de chaque vertu. Les juges ont un siége au-dessous de la colonne où se trouve la définition de la vertu dont ils sont les magistrats, et lorsqu’ils doivent porter une sentence, il s’y asseyent et disent à l’accusé : « Mon fils, tu as péché contre cette définition sacrée de la bienfaisance, de la magnanimité, etc.… Lis… » Puis, après avoir entendu l’accusé, ils le condamnent à la