Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/231

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sons, on tire le canon, etc. Les poètes célèbrent les grands généraux et leurs exploits, mais sans éloges mensongers, sous peine d’être sévèrement punis, car les Solariens regardent comme indigne d’être poète celui qui a recours au mensonge. Cet abus leur semble très-pernicieux, par la raison qu’il prive souvent les hommes vertueux des louanges qu’ils méritent, pour les accorder à des gens vicieux, auxquels on les donne par flatterie, par ambition ou par cupidité. On n’élève de statue à personne avant sa mort. On inscrit cependant au livre des héros les noms de ceux qui ont fait des découvertes utiles, ou qui ont rendu de grands services à la république, soit dans la cité même, soit à l’armée. Par crainte de la peste et de l’idolâtrie on n’enterre pas les corps, on les brûle, parce que le feu est un élément noble et animé qui retourne au soleil dont il est descendu. On conserve cependant les statues et les portraits des grands hommes, afin, comme je te l’ai dit, de les exposer aux regards des belles femmes que la république destine à la génération. Les prières se font les yeux tournés vers les quatre points de l’horizon ; le matin, vers l’orient, puis vers l’occident, ensuite vers le midi, et enfin vers le septentrion. Le soir, au contraire, vers l’occident d’abord, puis vers l’orient, le septentrion et le midi. Ils répètent toujours la même prière, dans laquelle ils demandent un corps et un esprit sains et la vie éternelle pour eux et pour toutes les nations, y compris les Gentils. Ils terminent en priant Dieu de leur accorder ce qu’il pense devoir leur être favorable. La prière publique est plus longue. L’autel circulaire est traversé par quatre passages coupés à angles droits. Le Soleil entre à quatre reprises par chacun de ces passages, en priant, les yeux tournés vers le ciel. Les