Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/234

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donc pas dépendre des étoiles, du soleil et de la terre, mais de Dieu seul ; car nous sommes nés et nous vivons par hasard, au milieu d’eux qui n’ont d’autre destinée que leur accroissement, tandis que Dieu, dont ils ne sont que les instruments, nous a créés pour une grande fin, dans sa prescience et sa sagesse. Ainsi, nous ne devons de reconnaissance qu’à lui comme à un père, et il nous faut reconnaître que tout vient de lui seul. L’immortalité des âmes n’est pas douteuse ; elles iront après cette vie s’unir aux bons ou aux mauvais esprits, selon qu’elles auront ressemblé ici-bas aux uns ou aux autres ; car les semblables tendent toujours à se réunir. Les Solariens sont à peu près de même avis que nous sur les lieux des peines et des récompenses ; ils sont dans le doute s’il existe d’autres mondes que le nôtre, mais ils pensent que c’est une folie d’affirmer qu’il n’y a rien au-delà de notre globe, car, disent-ils, il n’y a pas de néant ni dans le monde, ni hors du monde : Dieu, être infini, est incompatible avec le néant.


Ils admettent deux principes métaphysiques : l’Être, c’est-à-dire Dieu, (car Dieu est le premier de tous les êtres) et le néant, qui est l’absence d’existence et la condition sine quâ non de toute chose physique ; car ce qui est déjà ne peut être fait, donc ce qui se crée n’existait pas. La propension au non-être produit le péché qui, par conséquent, n’a pas une cause efficiente, mais bien une cause déficiente. Par cause déficiente, ils entendent le défaut de puissance, de science ou de volonté ; le péché n’existe réellement que par le défaut de volonté, car celui qui a la connaissance et