Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/235

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le pouvoir de bien faire doit en avoir la volonté. Or, la volonté nait de la puissance et de la science, mais ne peut les produire. Ce qui est étonnant, c’est qu’ils adorent Dieu dans la trinité, comme nous. Ils disent que Dieu est la souveraine puissance, de laquelle procède la souveraine science, qui est également Dieu, et que de toutes deux procède l’amour, qui est puissance et science tout ensemble ; car il ne peut se faire que ce qui procède ne participe pas de la nature de ce dont il procède. Toutefois, comme ils n’ont pas eu la révélation ainsi que nous, ils ne reconnaissent pas ces trois personnes distinctes, mais ils usent qu’il y a en Dieu émanation et relation de lui-même à lui-même. Ainsi, tous les êtres, en tant qu’ils sont, tirent leur essence métaphysique de la puissance, de la science et de l’amour ; de l’impuissance, de l’ignorance et du non-amour, en tant qu’ils ne sont pas. Or, ils pensent être méritants en possédant ces trois qualités (la puissance, etc.), et déméritants, même sans le vouloir, par l’absence de toutes les trois ou de la troisième seulement ; car toute nature finie péche par impuissance ou par ignorance chaque fois qu’elle produit quelque erreur dans la création. Au reste, toutes ces choses sont prévues et ordonnées par Dieu, ennemi du néant et être puissant, savant et aimant par excellence ; c’est pourquoi nul être ne peut pécher en Dieu et que hors de Dieu, tout être pèche. Mais nous ne pouvons sortir de Dieu que par rapport à nous et non par rapport à lui, car c’est un être efficient par essence, et nous sommes déficients. Ainsi, le péché est un acte de Dieu, en tant qu’il existe et qu’il est efficient, mais en tant qu’il tient du non-être et de la déficience (et c’est en cela que consiste