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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/162

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bien évident qu’elles ne sauroient avoir toutes nos passions.

[511] L’amour-propre est sans doute une passion commune à tous les animaux, et c’est de lui que naissent tous les autres penchans.

Mais il ne faut pas entendre par cet amour le desir de se conserver. Pour former un pareil desir, il faut savoir qu’on peut périr ; et ce n’est qu’après avoir été témoin de la perte de nos semblables que nous pouvons penser que le même sort nous attend. Nous aprenons au contraire, en naissant, que nous sommes sensibles à la douteur. Le premier objet de l’amour-propre est donc d’écarter tout sentiment désagréable ; et c’est par-là qu’il tend à la conservation de l’individu.

Voila vraisemblablement à quoi se borne l’amour-propre des bêtes. Comme elles ne s’affectent réciproquement que par les signes qu’elles donnent de leur douleur ou de leur plaisir, celles qui continuent de vivre ne portent plus leur attention sur celles qui ne sont plus. D’ailleurs, toujours entraînées au dehors par leurs besoins, incapables de réfléchir sur elles-mêmes,