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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/168

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Sa vie est à lui, il continue de réfléchir et de desirer dans les momens mêmes où son corps ne lui demande plus rien. Ses espérances, ses craintes, son amour, sa haine, sa colere, son chagrin, sa tristesse sont des sentimens raisonnés, qui entretiennent l’activité de son ame, et qui se nourissent de tout ce que les circonstances peuvent leur offrir.

Le bonheur et le malheur de l’homme diferent donc bien du bonheur et du malheur des bêtes. Heureuses lorsqu’elles ont des sensations agréables, malheureuses lorsqu’elles en ont de désagréables ; il n’y a que le phisique de bon ou de mauvais pour elles. Mais, si nous exceptons les douleurs vives, les qualités phisiques comparées aux qualités morales, s’évanouissent, pour ainsi dire, aux yeux de l’homme. Les premieres peuvent commencer notre bonheur ou notre malheur, les dernieres peuvent seules mettre le comble à l’un ou l’autre : celles-là sont bonnes ou mauvaises sans doute, celles-ci son toujours meilleures qu’elles, ou pires : en un mot, le moral, qui dans le principe n’est que l’accessoire