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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/183

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Ce n’est pas qu’un esprit juste ne se permette quelquefois de hasarder des jugemens sur des choses qu’il n’a pas encore assez examinées. Ses idées peuvent être fausses, mais elles peuvent aussi être vraies ; elles le sont même souvent : car il a ce discernement qui presse la vérité avant de l’avoir saisie. Ses vues, lors même qu’il se trompe, ont l’avantage d’être ingénieuses, parce qu’il est dificile qu’elles soient inexactes à tous égards. Il est d’ailleurs le premier à reconnaître qu’elles sont hasardées : ainsi ses erreurs ne sauroient être dangereuses, souvent même elles sont utiles.

[523] Au reste, quand nous demandons qu’on tende à toute cette justesse, nous demandons beaucoup, pour obtenir au moins ce qui est nécessaire. Notre principal objet, en travaillant au progrès de notre raison, doit être de prévenir ou de coriger les vices de notre ame. Ce sont des connoissances pratiques qu’il nous faut, et il importe