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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/21

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n’ont point d’organes pour juger de ce qui leur est propre ; ils ne choisissent point, ils végetent.

Mais les bêtes veillent elles-mêmes à leur conservation ; elles se meuvent à leur gré, elles saisissent ce qui leur est propre, rejettent, évitent ce qui leur est contraire ; les mêmes sens qui reglent nos actions, paroissent régler les leurs. Sur quel fondement pouroit-on suposer que leurs yeux ne voient pas, que leurs oreilles n’entendent pas, qu’elles ne sentent pas, en un mot ?

A la rigueur, ce n’est pas là une démonstration. Quand il s’agit de sentiment, il n’y a d’évidemment démontré pour nous, que celui dont chacun a conscience. Mais parce que le sentiment des autres hommes ne m’est qu’indiqué, sera-ce une raison pour le révoquer en douce ? Me suffira-t-il de dire que Dieu peut former des automates, qui feroient, par un mouvement machinal, ce que je fais moi-même avec réflexion ?

Le mépris seroit la seule réponse à de pareils doutes. C’est extravaguer, que de