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Page:Œuvres complètes de Condillac, tome 5 - Traité des animaux, 1803.djvu/99

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ne feroient pas ces ouvrages, si l’imagination ne leur en donnoit pas le modele.

Mais les bêtes ont infiniment moins d’invention que nous, soit parce qu’elles sont plus bornées dans leurs besoins, soit parce qu’elles n’ont pas les mêmes moyens pour multiplier leurs idées et pour en faire des combinaisons de toute espece.

Pressées par leurs besoins et n’ayant que peu de choses à aprendre, elles arrivent presque tout-à-coup au point de perfection auquel elles peuvent atteindre ; mais elles s’arrêtent aussitôt, elles n’imaginent pas même qu’elles puissent aller au-delà. Leurs besoins sont satisfaits, elles n’ont plus rien à désirer, et par conséquent plus rien à rechercher. Il ne leur reste qu’à se souvenir de ce qu’elles ont fait, et à le répéter toutes les fois qu’elles se retrouvent dans les circonstances [477] qui l’exigent. Si elles inventent moins que nous, si elles perfectionnent moins, ce n’est donc pas qu’elles manquent tout-à-fait d’intelligence, c’est que leur intelligence est plus bornée.