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DE PONTANGES.

Clémentine est allée chez son père. Elle ne déjeune jamais avec son mari, pour qu’il soit plus libre.

Lionel est donc avec ses amis, un pâté de foies gras, des huîtres, du vin de Champagne… Il boit, il s’amuse ; il déjeune solidement, car il ne doit pas dîner ; il soupera au Rocher de Cancale.

Pontanges, onze heures du matin.

Laurence se promène le long des fossés du château… Elle lève un regard mélancolique sur la fenêtre, hélas ! fermée, de la chambre que M. de Marny habitait… Elle est triste… elle pense à lui.

Paris, deux heures.

Lionel est dans une calèche élégante avec sa femme, vêtue d’un habit de cheval.

Ils vont au bois de Boulogne voir une course.

D’autres voitures, cabriolets, calèches, tilburys, les suivent. Arrivés au bois de Boulogne, Clémentine monte à cheval ; elle rejoint quelques femmes de sa connaissance, et Lionel va courir de voiture en voiture, minaudant avec grâce, faisant caracoler son cheval de manière à attirer l’attention sur lui, sur son cheval, qui est très-beau, et sur sa femme aussi, dont il est fier, car elle est charmante.

Pontanges, deux heures.

Laurence est seule dans une barque et se laisse aller au courant de l’eau, s’abandonnant à ses souvenirs. Que de fois, dans cette barque, elle s’est assise près de lui !… C’est là qu’il disait avec tant d’amour : « Ah ! je sens bien que vous seule pouvez me comprendre… Laurence ! que deviendrais-je si vous ne m’aimiez plus ?… » On vient lui dire que la duchesse de Champigny et le prince de Loïsberg viennent savoir de ses nouvelles :

— Dites que je suis allée à la ferme, répond-elle ; je ne veux voir personne.

Et puis elle pense : — Lionel était jaloux de mon cousin… Je ne le recevrai plus ; je ne ferai point ce qui l’aurait affligé ; je n’aimerai jamais que lui.