Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dente ; mais elle y tenait, d’autant plus que c’était une compensation ; et, voulant punir Valentine de lui cacher sa tendresse pour son neveu, elle se plut à lui répéter une nouvelle qu’on débitait comme certaine et qu’elle savait devoir la désespérer.

— Avez-vous vu mon neveu ces jours-ci ? demanda-t-elle à Valentine de manière à la troubler.

— Non, madame, il y a bien longtemps que je ne l’ai rencontré.

— Quoi ! vous ne l’avez pas vu depuis son retour ?

— J’ignorais qu’il fût parti.

— Ah ! il n’est resté que huit jours absent. Mais je vous croyais mieux informée, ajouta madame de Montbert en fixant ses yeux sur Valentine ; comment, vous ne savez pas qu’il est allé à Lorville chercher le consentement de son père ?

— Le consentement de son père ? répéta Valentine dans une anxiété visible.

— Sans doute, pour son prochain mariage…

À ces mots Valentine se sentit pâlir ; cependant elle trouva encore assez de courage pour répondre d’une voix mal assurée :

— Je ne savais pas qu’il dût se marier si tôt… Et qui va-t-il épouser ?

— Mademoiselle de Sirieux, dit-on ; car pour moi je n’affirme rien positivement, ajouta madame de Montbert, ayant pitié du trouble de Valentine ; j’avoue même que j’avais une autre idée… et que, lorsque l’on m’a parlé de son prochain mariage, le sachant fort occupé de vous, j’ai cru d’abord que c’était…

— Moi, madame ? interrompit vivement madame de Champléry ; je ne songe nullement à me remarier, et mademoiselle de Sirieux, qui est fort belle et fort riche, lui convient beaucoup mieux que moi.

— Rassurez-vous, ma chère, reprit madame de Montbert avec ironie et blessée de cette feinte indifférence ; vous n’aviez pas à craindre ce danger ; mon neveu nous a déclaré l’autre jour qu’il avait un préjugé invincible contre les veuves.

Valentine ne témoigna aucun dépit de cet avis donné pour