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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/107

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la fâcher, et madame de Montbert, s’étonnant de voir sa petite malice perdue, ajouta :

— Je ne sais pas ce qu’il faut croire de ce bruit ; il est certain qu’il y a deux ans mon frère désirait extrêmement ce mariage pour son fils, et que j’ai reçu ce matin une lettre de lui dans laquelle il se félicite du bonheur d’Edgar et du plaisir qu’il se promet lui-même de voir son vieux château rajeuni par la présence d’une belle-fille aimable. Cette lettre est sur ma table et je puis vous la montrer ; mais elle ne nomme personne, et peut-être n’est-ce pas mademoiselle de Sirieux qu’Edgar doit épouser… Peut-être n’était-ce qu’un dépit, et l’a-t-on fait changer d’avis promptement.

— Pourquoi cela ? reprit madame de Champléry avec dignité, et répondant à tout ce que ce peu de mots voulaient dire. Si ce mariage convient à sa famille, il n’y a pas de raison pour l’en détourner.

Heureusement pour Valentine, on vint interrompre cette conversation pénible, qu’elle ne se sentait plus la force de continuer. Elle sortit de chez madame de Montbert en affectant un air gracieux et indifférent ; mais dès qu’elle fut dans sa voiture, ses larmes coulèrent en abondance.

La nouvelle de ce prompt mariage lui semblait devoir être certaine ; l’aversion qu’elle avait témoignée pour un second lien suffisait à ses yeux pour qu’Edgar se fût découragé et décidé en faveur d’une autre.

Elle savait que le duc de Lorville souhaitait vivement de marier son fils pour le garder auprès de lui, se trouvant fort isolé depuis la perte de ses places à la cour, de ses intérêts de vanité qui lui tenaient lieu d’affection. Elle savait aussi que M. de Sirieux était son ancien ami, que cette alliance leur convenait à tous, et elle trouvait tout simple que, désespéré dans son amour, Edgar cherchât à faire le bonheur de sa famille par une union que ses parents désiraient. D’ailleurs, ce voyage d’Edgar pour aller chercher le consentement de son père prouvait que la cérémonie était prochaine, et Valentine s’avouait avec douleur qu’elle n’avait plus d’espoir à conserver.

Sachant qu’il était de retour, elle pensa qu’il viendrait peut-être le soir même chez madame de Fontvenel ; mais toute la