époque où l’on abusait singulièrement du passé, du présent et de l’avenir.
Et l’on convint de se réunir à trois heures pour aller visiter le château de Pontanges.
La société de madame d’Auray se composait de son mari, — du général Rapart qu’elle avait, disait-on, beaucoup aimé, — de M. Bonnasseau qu’elle aimait encore, — et de Lionel de Marny qu’elle avait déjà bien peur d’aimer. Et tous ces gens vivaient entre eux en fort bonne intelligence, je vous jure ; et madame d’Auray recommençait naïvement ses gentilles mines et coquetteries pour séduire Lionel de Marny devant ces trois vétérans de son armée, qu’elle avait séduits de la même manière.
Il était quatre heures lorsqu’on arriva au château de Pontanges.
— Madame la marquise, voilà une visite ; j’aperçois une voiture dans l’avenue.
— Fanny, descendez vite dire que je n’y suis pas, et que l’on peut visiter le château.
— C’est madame d’Auray ! je reconnais sa livrée.
— Ah ! c’est elle, je puis la recevoir. Fanny, relevez mes cheveux ; dites que je vais descendre à l’instant.
— La voiture est encore loin, j’ai bien le temps de coiffer madame la marquise. D’ailleurs, madame Ermangard et M. le curé sont dans le salon.
Et madame de Pontanges sourit en se figurant son élégante voisine se confondant en phrases gracieuses auprès de sa vieille tante et du bon curé, qui n’entendaient rien au beau langage de Paris.
Madame d’Auray, suivie de ses trois attachés, entra dans le salon.
— Ma nièce va venir à l’instant, dit madame Ermangard en allant au-devant de madame d’Auray.
— Non ! je ne veux pas qu’elle se dérange pour moi, s’écria madame d’Auray ; ce n’est pas elle que je venais voir aujourd’hui, c’est le beau château de Pontanges que je voulais faire