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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/311

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DE PONTANGES.

les plus purs sentiments. Comme au vent du désert, les êtres inanimés lui résistent, les cailloux et les imbéciles, les indifférents et les rochers ; mais tout ce qui vit, ce qui pense, ce qui aime, les palmiers et les gens d’esprit, sont frappés de mort à son approche ; il enlève ce qui fait précisément leur grâce, leur feuillage et leurs pensées.

Le monde ne sied pas aux gens supérieurs par l’âme et l’intelligence ; le monde ne convient qu’à la médiocrité gracieuse. À l’homme d’esprit, il faut l’intimité ; à l’homme qui aime, le mystère ; à l’homme qui crée, la solitude. L’homme de génie ne doit jamais être acteur dans le monde, il ne doit le voir que pour le peindre ; comme spectateur, il sera respecté, car il devient imposant. Qu’il regarde, c’est là son rôle ; mais, s’il veut agir, on se moquera de lui, de son manque d’équilibre et de proportions, de ses ridicules dissonants, et c’est lui qui fournira contre lui-même aux oisifs moqueurs d’un salon les aperçus malins qu’il y venait chercher contre eux.

Madame de Pontanges, préoccupée de la présence de Lionel, fut moins sensible aux ridicules de M. de R… Elle le trouva aimable par insouciance.

Elle remarqua à peine l’absence du prince de Loïsberg, et cependant s’il était venu ce soir-là !…

Quant à M. de Marny, il ne comprit clairement qu’une seule chose dans toute cette journée, c’est que madame de Pontanges avait un chapeau de chez mademoiselle Baudrand.


XVI.

UN BILLET.


M. de Marny, ne jugeant plus convenable de se servir de la maison de madame d’Auray comme d’une auberge, ou plutôt d’un tournebride pour arriver chez madame de Pontanges, se souvint d’un de ses camarades de collège qui demeurait dans le voisinage ; c’était un certain M. de Méricourt qu’il avait déjà rencontré chez madame d’Auray et à qui il n’avait fait d’abord aucune attention. Maintenant que M. de Méricourt pouvait lui devenir utile, Lionel se rapprocha de lui ; il trouva