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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/315

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DE PONTANGES.

« C’est une imprudence de venir sitôt, pensait-elle ; il n’est arrivé qu’hier à Champigny ; le voyage l’aura fatigué ; il aurait dû se reposer deux jours. »

Sans se rendre compte de ses impressions, Laurence éprouvait une sorte d’embarras à revoir son cousin, depuis la lettre qu’elle avait reçue de lui.

La jalousie de Lionel l’avait éclairée sur les sentiments de Gaston. Elle se rappela le plaisir qu’il avait montré à la revoir et plusieurs choses qu’il avait dites.

Elle avait pris un livre pour se donner une contenance et pour n’avoir pas trop l’air de l’attendre.

Le tilbury entra dans la cour.

On entendit marcher dans les antichambres.

— Voici quelqu’un, dit madame Ermangard ; je vais donner mes ordres. — Elle donnait tant d’ordres, la pauvre femme ! — Quelle aimable surprise ! s’écria-t-elle ; ma nièce est là ; elle sera charmée de vous revoir.

Madame Ermangard ayant fait signe au valet de chambre de la suivre, le visiteur entra sans être annoncé.

Il ferma la porte du salon. Laurence semblait absorbée par sa lecture.

Elle ne releva point la tête.

Mais elle ne put retenir un cri de surprise, et de bonheur peut-être, en voyant Lionel, — Lionel à ses pieds !

— Je n’ai pas pu y tenir, dit-il ; j’étais trop malheureux. Quelle nuit j’ai passée !… Ah ! que j’avais besoin de vous revoir !

Lionel était presque à genoux en parlant ainsi, il pressait entre ses mains la main de Laurence ; sa voix était troublée, son attitude était suppliante.

M. de Marny était fort à son avantage comme cela.

Laurence s’attendrit.

Son regard, d’abord sévère, s’adoucit.

— Soyez bonne, reprit Lionel, pardonnez-moi d’être jaloux… sans raison !

— Non, je ne vous pardonnerai pas d’être ainsi jaloux… sans raison !

Elle mentait.