— Je ne demande qu’à avoir tort, dit Lionel avec grâce.
— Relevez-vous.
Il obéit, se releva et s’assit sur une petite chaise auprès d’elle.
— Quel bonheur d’être venu ici ! je ne m’en vais plus !…
Madame de Pontanges sourit. Lionel continua :
— Avez-vous pensé à moi depuis hier ?
— Oui… mal !
— Je m’en doutais bien.
— Je vous détestais.
— Ah ! je ne le méritais pas. J’ai tant souffert ! C’est que je vous aime comme je n’ai jamais rien aimé. Vous trouvez cela tout simple, vous ; mais moi qui me croyais insensible, je suis tout étonné d’avoir un cœur, un cœur qui bat si vite ; je le croyais mort depuis longtemps, et je le retrouve près de vous avec délices.
Madame de Pontanges regardait Lionel.
« Quelle jolie figure ! » pensait-elle.
Peu à peu sa tendresse se réveillait. Les nuages qui avaient enveloppé son amour se dissipaient. Lionel redevenait ce qu’il avait d’abord été pour elle. Elle recommençait à l’aimer.
— Vous ne me ferez plus de chagrin ? dit Laurence.
— Non, j’aurai confiance en vous. Mais ne me tourmentez pas. Ayez pitié de moi ; je vous aime à en devenir fou.
Ce mot fit pâlir madame de Pontanges. Mille pensées douloureuses l’assiégèrent. Ce mot lui rappelait la tristesse de sa position, l’affreuse réalité de sa vie.
— Non, dit-elle d’une voix tremblante, je ne vous rendrai pas malheureux.
— Je ne demande qu’à vous aimer, qu’à être là, près de vous ; à entendre votre voix qui est si douce ; à vous voir vous regarder vivre ; je ne demande qu’un peu de bonne affection pour toute une vie de dévouement. Mais, de grâce, ne soyez point coquette. Aimez-moi peu… mais n’aimez que moi !…
Les hommes certains de plaire sont toujours très-modestes dans les commencements. Ils n’ont garde d’essayer leur empire ; ils s’établissent d’abord ; ils s’imposent par l’habitude ; et puis