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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/377

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DE PONTANGES.

de tous les amours ; et Laurence, déjà moins triste, commençait à comprendre que tout n’est pas remords dans la passion…

Quand tout à coup elle sentit une main froide, humide, glacée, tomber lourdement sur son front.

— Lionel ! s’écria-t-elle épouvantée.

— Laurence ! répondit une voix qui n’était pas celle de M. de Marny.

— Ah ! c’est lui !… dit-elle ; et elle se cacha la tête dans les mains.

Lionel leva les yeux et resta immobile d’étonnement… en apercevant derrière Laurence une forme étrange qu’il eut peine à distinguer. On eût dit un fantôme de neige !

Madame de Pontanges était si tremblante qu’elle ne pouvait ni parler, ni remuer, ni même relever la tête. La main glacée s’appesantit de nouveau sur son front, et tira vivement ses cheveux, comme pour appeler son attention.

M. de Marny, indigné de cette offense, se leva et, s’élançant vers le fantôme, s’apprêtait à dégager les cheveux de Laurence de ses doigts humides… mais il recula épouvanté… il céda à un premier mouvement d’effroi irrésistible.

Cet homme qui les avait surpris était M. de Pontanges. Oh ! dans cet instant, Amaury n’était plus pour Lionel un idiot à l’enfance éternelle : ce pauvre fou qui lui faisait pitié…

C’était un mari dont il venait séduire la femme ; c’était un maître qui avait le droit de le chasser de sa maison.

M. de Marny eut peur… On est craintif quand on est coupable.

On a beau rire, faire des vaudevilles, des physiologies et des chansons contre l’hymen et ses avaries, il y a dans le mariage un prestige indestructible. La majesté du mari est sacrée. C’est la religion de la propriété et du droit. Un voleur respecte toujours un peu l’homme qui a le pouvoir de le faire pendre.

Le premier moment de crainte passé, Lionel se rappela l’état d’idiotisme de ce pauvre mari, et il tenta une seconde fois de retirer la main qui serrait les cheveux de madame de Pontanges. Mais le fou, que jamais personne n’avait osé contrarier, irrité de rencontrer quelqu’un qui s’opposait à ses