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DE PONTANGES.

C’était donc sur Lionel que devaient désormais pleuvoir ses attentions délicates !

— Mon gendre est à Paris, pensa M. Bélin, il ne nous attend pas : il faut aller subitement le surprendre !

Et M. Bélin appuyait sa résolution de raisonnements fort judicieux, car le jugement le plus sain présidait toujours aux emportements de son âme, aux splendeurs de sa générosité.

— Des diamants, disait-il, je donne des diamants à ma femme : c’est un capital qui reste ; ce sont des folies raisonnables ; l’argenterie et les diamants, voilà les seules fantaisies qu’un homme prudent doive se permettre.

Cette fois, il se disait en allant à Paris :

— Je fais d’abord une surprise agréable à mon gendre ; puis je l’empêche de venir ici et de manquer une affaire importante pour le plaisir de revoir un jour plus tôt sa petite femme. Il va bâcler cette affaire pour être libre plus vite ; il ne faut pas cela : allons le rejoindre ; ma fille s’ennuie, partons. Vous me direz : La maison n’est pas encore prête… tant mieux ! Titine donnera elle-même les ordres aux tapissiers, et tout sera plus à son goût. D’ailleurs, s’il le faut, Lionel restera quelques jours encore dans son appartement de garçon. Cette petite séparation ne fera point mal : les obstacles, oui, les obstacles rendent l’amour plus doux ; nous savons cela, nous autres vieux renards. Et puis, ils s’arrangeront comme ils voudront, ça ne me regarde pas.

M. Bélin se frotta les mains ; il annonça ses projets à ses deux filles, et toute la maison fit pour le lendemain ses préparatifs de départ.


XII.

DE SURPRISE EN SURPRISE.


Lionel avait la fièvre, il était malade, réellement malade, lorsqu’on entra chez lui ce jour-là à huit heures.

On lui remit un billet d’invitation conçu en ces termes :

« Madame Clémentine de Marny prie M. de Marny de lui