— Ah ! elle est ravissante, s’écria M. Narvaux ; n’est-ce pas, mon cher, c’est la plus jolie femme de Paris ?
Ne voulant point louer mademoiselle d’Armilly ni parler d’elle avec malveillance, Edgar trouva plus convenable de dire qu’il ne la connaissait pas.
— Regardez-la donc, mon cher, elle est adorable !
— Il faut bien qu’elle soit jolie, dit à son tour M. de Fontvenel, pour oser se nommer madame de Champléry.
— On vous confondra toujours ensemble, dit Stéphanie à Valentine.
— Non, reprit-elle ; pour nous distinguer, on appellera ma cousine madame de Champléry la belle.
— Et l’on dira de vous la bonne, cela vaudra bien mieux.
On devine que cette pensée touchante et nouvelle était due à madame de Clairange ; ravie de l’avoir trouvée, elle ajouta :
— Je vois, ma chère enfant, que vous serez obligée de vous remarier pour éviter un quiproquo.
— Le motif est entraînant, dit Edgar, voyant l’embarras où cette plaisanterie de sa belle-mère avait jeté Valentine. Cela me rappelle une jeune personne qui se décida à cet acte si grave du mariage pour avoir le droit de porter un béret qui lui allait à merveille, et qu’on avait eu l’idée ingénieuse de lui faire essayer comme par hasard.
— Comment ! s’écrie M. Narvaux, est-ce qu’il lui fallait absolument un mari pour oser mettre un chapeau ?
— Sans doute, dit madame de Clairange ; ne savez-vous pas qu’en France les jeunes personnes ne portent ni toques, ni bonnets, ni turbans ?
— Fort heureusement, reprit Edgar ; sans cela, dans nos salons, à quoi les reconnaîtrait-on, depuis que les mères de famille persistent dans l’ingénuité ? Cette coutume est très-bien imaginée ; de plus, elle est un langage, car le jour où une vieille fille renonce à se marier, elle arbore le panache blanc sur la toque noire, et c’est comme lorsque le président de la Chambre se couvre… la discussion est terminée.
Chacun rit de cette folie. La conversation ayant continué sur le mariage de mademoiselle d’Armilly, Edgar sortit de la loge pour aller l’admirer, et on le vit bientôt se placer au