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LETTRES PARISIENNES (1840).

bien lentement, de sa chaleur. Cependant il en conservera encore assez pour être toujours le soleil. » Nous sommes heureux d’avoir la certitude que le soleil sera toujours le soleil ; nous aurions été vraiment désolé que cet excellent astre, qui a rendu de si grands services à l’humanité, changeât de profession et fût destitué, d’autant plus que nous ne voyons vraiment pas par qui on pourrait le remplacer. Après quelques personnalités assez désobligeantes contre la lune, que l’auteur traite de globe aride, et quelques mots un peu légers sur les comètes et leur chevelure, le savant astronome termine sa brochure en déclarant que l’univers a été créé par le Créateur pour l’homme, qui est seul capable de le comprendre. Sur ce il admire passionnément l’univers et il s’écrie : « Qu’on essaye de rencontrer dans les productions de l’industrie humaine quelque chose de plus parfait ! » Cela serait difficile, en vérité, et, pour notre compte, nous avouons que l’été dernier nous avons visité avec la plus scrupuleuse attention toutes les salles d’exposition des produits de l’industrie française, et que parmi toutes les merveilles qui nous ont surpris, les voitures et les machines à vapeur, les étoffes de Lyon, les billards en marqueterie, les draps de Louviers, les rubans de Saint-Étienne, les cheminées à soupape, les lampes à fond tournant, les tournebroches silencieux, les fauteuils de voyage, les pendules à naufrage, les chapeaux imperméables, les rochers d’angélique et les pyramides de savon, rien ne nous a paru plus beau, plus intéressant, plus ingénieux, plus commode, plus confortable que l’univers.


LETTRE TROISIÈME.

Les excès détruisent les succès. — Trop ou rien ! c’est la devise des Français.
L’exagération est l’indigence des idées.
24 janvier 1840.

Notre dernier feuilleton a obtenu dans le monde un succès auquel nous étions loin de nous attendre : nous avons reçu depuis huit jours, en paroles et en lettres, voire même en lettres anonymes, les éloges les plus magnifiques, et, nous l’avouons, ces éloges nous ont un peu effrayé. Nous ne res-