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LE VICOMTE DE LAUNAY.

la femme n’est point faite pour partager les peines de l’homme ! Non, elle est faite pour l’en consoler, c’est-à-dire pour l’en distraire. Malheur à l’imprudente qui demande à celui qu’elle aime le secret de ses chagrins (nous ne parlons point des chagrins de cœur, les hommes y sont peu sujets ; leurs grandes douleurs, à eux, sont des souffrances d’amour-propre et des revers de fortune) ! Malheur à la femme qui permet à l’homme qu’elle aime de lui confier ces tourments-là ! Elle perd dès ce moment la faculté de l’en distraire, et il la quittera pour aller les oublier auprès de celle qui les ignore. L’amour ne vit que de mystère et de crainte ; la confiance et la sécurité le font mourir.

Une compagne !… Est-ce qu’on aime d’amour une compagne ? Soyez de bonne foi et convenez-en, la femme n’est point la compagne de l’homme. Elle doit être son idole, toujours, dans toutes les phases de sa vie, et sous les plus séduisantes images : trésor de candeur dans l’âge de l’enfance, reine de beauté dans l’âge de l’amour, providence dans l’âge de la maternité.


LETTRE NEUVIÈME.

Le drame de M. de Balzac. — Les puritains littéraires.
19 mars 1840.

Le sujet de toutes les conversations, cette semaine, c’est le drame de M. de Balzac… Eh bien ! qu’en dites-vous ?

— C’est abominable !

— C’est détestable !

— C’est exécrable !

— C’est déplorable !

— C’est misérable !

— C’est pitoyable !

— C’est attristant !

— C’est dégoûtant !

— C’est révoltant !

— L’avez-vous vu ?

— Non.

— Et vous, madame ?