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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 5.djvu/131

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LETTRES PARISIENNES (1841).

et qui veut mourir pour expier ses crimes involontaires. Ce portrait est fort beau et mériterait à lui seul d’être le sujet d’un livre. Ce roman, qui n’a d’autre défaut que d’être trop romanesque, obtient un grand succès de lecture, peut-être à cause de son défaut. — Et Mathilde ? nous direz-vous. Le manuscrit est là tout prêt à être publié ; et depuis un an M. Sue aura publié dix volumes, sans compter l’Abrégé de l’histoire de la marine de tous les peuples, ouvrage fort remarquable qui vient de paraître ; sans compter le drame de Latréaumont et la comédie de la Prétendante. Dix actes et dix volumes, oui, quatre volumes de Jean Cavalier, deux du Colonel Surville et d’Hercule Hardi ; deux du Commandeur de Malte et deux des Mémoires d’une jeune femme ; et cependant ce n’est point dans la retraite et le silence qu’il travaille. S’il y a une grande partie de chasse, l’auteur de Létorière y est invité, et il y va ; s’il y a un grand dîner d’ambassadeur, l’auteur d’Arthur y est prié, et il y vient ; si l’on donne le ballet nouveau à l’Opéra, et que les marins de la Belle-Poule y assistent, l’auteur de la Salamandre s’y montre à son tour ; on le voit partout, et cependant il travaille plus que personne. Comment fait-il pour trouver tant d’heures de solitude au milieu de cette vie mondaine ? — Peut-être qu’il néglige ses amis. — Non vraiment, dès qu’il leur arrive un malheur, il accourt un des premiers. — Mais alors, quel est son secret ? — Il supprime les ennuyeux. Ô lecteurs ! et vous, madame, récapitulez vos souvenirs, et voyez combien de moments vous avez donnés aujourd’hui à des gens qui vous déplaisent et vous fatiguent, — la moitié de votre journée ; c’est le temps d’écrire trois chapitres de roman.

Parlons un peu modes ; il y a longtemps que nous n’avons traité ce sujet. Les merveilleuses se livrent depuis quelques semaines à des excès d’imagination effrayants. Ce sont des chaperons d’un folâtre inimaginable ; des espèces de casquettes de loutre en gaze rose, garnies de fausses perles ; des plaques de velours vert brodées en or, posées sur la tête d’une oreille à l’autre, qui ressemblent horriblement à des pantoufles trop étroites utilisées en coiffures ; et puis des robes de deux ou trois couleurs : bleues avec revers jaunes ; vertes avec des