et pour attirer seules l’attention des convives et les éloges de tous.
Enchanté, mais inquiet, nous osons pénétrer dans le premier salon. Là, de gracieux enfants étaient occupés à distribuer des bouquets. Toujours ces inévitables fleurs ! Elles avaient envahi jusqu’aux jeux de l’enfance ! Nous entrons dans la salle du bal… Ô surprise, l’orchestre est muet, la salle est vide, personne !… Point de quadrilles animés, point de légères danseuses, point de sérieux danseurs. Seulement quelques femmes assises à l’écart, et ne paraissant nullement étonnées de leur solitude. L’une d’elles s’avance vers nous, c’est l’aimable fée qui préside à la fête. Ses manières sont à la fois pleines d’élégance et de dignité ; son charmant regard, son bienveillant sourire, d’abord nous rassurent ; mais bientôt mille souvenirs historiques, mythologiques et poétiques, viennent nous épouvanter. L’amabilité des enchanteresses ne prouve rien, l’accueil le plus séduisant peut cacher des projets sinistres ; Cléopâtre, Lucrèce Borgia, Alcine, Armide, Circé, Mélusine, étaient aussi des maîtresses de maison bien prévenantes… on sait dans quelles affreuses intentions ! D’ailleurs, nous marchons de prodige en prodige, et tout ce qui est mystérieux est effrayant. Pour cacher notre trouble, nous allons nous asseoir au pied d’une des pyramides de fleurs. À peine sommes-nous là que deux personnages fantastiques se dirigent de notre côté. L’un a pris les traits d’un ambassadeur célèbre que nous croyons reconnaître ; l’autre a pris la forme d’un député de nos amis, sans doute afin de nous inspirer plus de confiance. Pendant que nous causons avec eux, un coup d’archet se fait entendre, nous tournons vivement la tête et nous voyons la salle remplie de monde. Les jeunes gens empressés entraînent leurs danseuses, et les quadrilles se dessinent au même instant. D’où venaient-ils, ces jeunes danseurs ? par où étaient-elles entrées, ces belles danseuses ? Nous l’ignorions, et nous restions confondu ; le prodige devenait de plus en plus inquiétant, nous ne comprenions rien à cette évocation soudaine, nous devinions seulement que c’était une apparition merveilleuse et qu’il fallait se hâter de la contempler. Alors, ouvrant de grands yeux, nous nous sommes mis à admirer ces charmantes syl-