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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 5.djvu/225

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LETTRES PARISIENNES (1842).

perfide : « Votre vénérable pasteur dînait tous les jours à la table de la partie civile ! »

Ce qui veut dire : Cette pauvre fille est une aventurière ; ce brave curé est un pique-assiette capable de mentir pour un dîner, etc., etc. ; et c’est ainsi tout le temps : des outrages, des insinuations abominables à tous ceux qui ont déposé pour ou contre dans cette affaire. Ah ! messieurs les avocats, vous êtes de brillants orateurs ; vous trouverez toujours des accusés, car votre éloquence est sublime ; mais, prenez-y garde ! vos accusés ne trouveront peut-être pas toujours des témoins.

On s’est aussi fort occupé à Paris de la prise de possession des îles Marquises. Mais voyez un peu jusqu’où va la maladresse de nos hommes d’État ! ils ont trouvé moyen de faire d’un événement heureux, d’une mesure habile, une mauvaise plaisanterie ; de jeter du ridicule sur une entreprise qui a demandé de l’intelligence et du courage. Ce roi Yotété, qui franchement a fait preuve d’une grande faiblesse d’esprit, nous a rappelé cet aimable Toa-Ka-Magarow que l’infortuné Claude Belissan rencontra pour son malheur dans l’île Hatouhougou, précisément l’une des îles Marquises ; ce puissant roi, qui avait la figure tatouée de rouge et de bleu, et qui portait par-dessus son uniforme de sauvage un vieil uniforme galonné. « Je ne parle pas, ajoute l’auteur, d’une croix de Saint-Louis dont l’anneau passait par le cartilage du nez, cet ornement étant de mauvais goût. » Vraiment, il y a beaucoup de rapport entre les idées de Yotété et celle de Toa-Ka-Magarow. Le véritable roi des îles Marquises ressemble, à s’y méprendre, au roi imaginaire que rencontra Claude Belissan. N’est-il pas étrange que ce récit sérieux d’un contre-amiral rappelle si complètement une des plus folles rêveries de M. Eugène Sue ? Eh bien, dans le temps on a trouvé cette plaisanterie exagérée ; Toa-Ka-Magarow n’était pas vraisemblable, disait-on. À cette époque on ne soupçonnait pas encore Yotété ; mais nous devons rendre justice à M. Sue, il n’aurait jamais raconté cette histoire-là sérieusement. Il faut être gouvernement pour oser lancer de pareilles folies. Que nos hommes d’État sont de tristes plaisants ! ils n’ont pas même la supériorité du tact quand ils traitent avec des barbares ! Appliquer la publicité à l’état sau-