voir dimanche Beauharnais, qu’ils ont demandé à grands cris. Ils ne dormiront pas après avoir vu et surtout après avoir entendu cet héroïque mélodrame ; et le lendemain, encore tout étourdis du bruit des batailles, tout enivrés de l’odeur de la poudre, il leur faudra reprendre leurs travaux. Comme ils dormiront sur leurs cahiers ! Ah ! si nous avions du crédit, nous ne demanderions ni faveurs, ni places, ni pensions ; nous demanderions que l’on donnât tous les ans aux écoliers quatre beaux jours de vacances pour bien commencer leur année. Nous dirions à M. le ministre de l’instruction publique ce que lui disait sa charmante petite fille quand il lui contait l’histoire de deux enfants qu’un tigre allait dévorer : « Oh ! papa, fais vite une fée pour les sauver ! » Nous lui dirions : Monsieur le ministre, faites vite une ordonnance-fée pour les sauver du plus effrayant des dangers, du plus fatal des présages : commencer l’année par un regret !
Maintenant, il nous reste à former des vœux pour cette nouvelle année. Mais lesquels ? Excepté la santé de ses parents et de ses amis, que peut-on raisonnablement désirer sans un doute et sans une crainte ? Que de succès obtenus qui ont été funestes ! que de revers redoutés dont on s’est trouvé glorieux ! Si le bien peut nuire, si le mal doit profiter, que demander au ciel ? Quel imprudent oserait, par un souhait téméraire, se rendre responsable de sa destinée ? Nos rêves à tous sont tellement insensés, que ce serait peut-être former un vœu de bonheur universel que de souhaiter à chacun de nous ce qu’il redoute ; mais nous n’aurons pas cette force-là ; nous nous bornerons à demander pour vous et pour nous ce qui convient à tous les âges, à tous les rangs, à tous les cœurs : des illusions et du courage.