être tout à fait perfides, sont plus compliquées ; elles ont le cœur incessamment troublé de craintes vagues, l’esprit agité d’ambitions inavouées, elles luttent enfin, elles luttent contre les femmes belles, leur vie est une étude continuelle des secrets de la séduction, des avantages à acquérir, à imiter, à balancer, à déconcerter, et cette préoccupation transparente, mais dont on ignore toujours la cause, cette inquiétude mystérieuse à laquelle on s’intéresse malgré, soi, leur donne une sorte de fièvre qu’on pourrait appeler fièvre de coquetterie, une sorte d’inspiration, de rayonnement, qui ressemble aux choses du monde les plus séduisantes : à la beauté, à l’esprit, à l’émotion, et quelquefois même à la passion.
La pensée a son influence, n’est-ce pas, sur le charme de la physionomie ?
Une belle femme est assise dans son salon, près de sa table à ouvrage ; elle pense ceci : « Je n’ai plus de soie verte, j’irai en chercher demain ; j’assortirai aussi de la laine rouge, et puis j’irai savoir des nouvelles de ma tante qui est enrhumée. »
Une femme beaucoup moins admirée est assise en face d’elle ; elle regarde et pense : « Cette femme n’a pas du tout l’intelligence de sa beauté. Ah ! si j’avais ces yeux-là, que de jolies choses je leur ferais dire ! »
Eh bien, cette aspiration vers la beauté est déjà une séduction ; la physionomie de cette femme qui pense à être belle est certainement beaucoup plus agréable que celle de cette autre femme qui est belle sans y penser.
Croyez-nous, le désir ou plutôt le besoin de plaire arrivé à l’état de monomanie est, de toutes les forces attractives, la plus puissante ; et cette grâce-là n’est point monotone, il s’en faut, puisque sa condition principale est de se renouveler tous les jours, est de s’initier à toutes les actions de la vie, depuis les plus hautes combinaisons des rêves ambitieux jusqu’aux plus simples détails des habitudes domestiques. Il est bien difficile de ne pas trouver un peu jolie une femme dont toutes les paroles, toutes les démarches, toute l’existence, signifient : Je veux vous plaire. D’abord, elle vous attire par cette aimable volonté, puis elle vous attache par ce zèle ingénieux et