plusieurs bals très-beaux chez des Parisiennes, ce qui a fort étonné.
Aux Tuileries, les salons étaient émaillés de Bédouins. Le khalifa de Constantine, homme d’un esprit remarquable, assure-t-on, a dit au roi, en admirant cette fête magnifique : « C’est un songe sans réveil. » Le mot a été trouvé charmant.
Le khalifa a offert à madame la maréchale Soult de superbes présents : un habillement de femme complet tout brodé d’or et d’un travail merveilleux. La maréchale a répondu à ces générosités par d’autres présents non moins précieux. La reine a aussi envoyé au khalifa des bracelets et de riches parures pour sa femme, la belle Zhora, la plus belle femme de toute l’Afrique. Chose étrange ! on ne voit pas les femmes dans ce pays-là, et l’on sait pourtant qu’elles sont belles ! Elles ne sont donc pas si malheureuses, car ça doit suffire.
Le khalifa n’est pas allé au bal de l’Opéra avec les autres chefs arabes. Mais n’est-ce pas une imprudence que de les avoir conduits là ? que d’avoir permis à ces fiers habitants du désert de surprendre dans ses joyeux ébats ce grand peuple qui est venu les dominer au nom de la civilisation ? Elle est un peu exagérée la civilisation, au bal de l’Opéra ; elle n’y paraît pas à son avantage. Qu’ont-ils pensé de nos plaisirs, tous ces barbares ?… Encore si on les avait menés à l’Académie !
À propos de l’Académie, il y a des femmes qui sont furieuses contre M. Victor Hugo. Le lendemain de la fameuse séance, nous étions au bal chez madame Salomon de Rothschild ; comme nous traversions cette poétique galerie tout en fleurs qui joint la salle de bal aux splendides salons, une femme aimable et spirituelle passe auprès de nous et nous jette ce cri de douleur : « Il a dit : Presque ! » et nous répondons à la hâte : « C’est malgré lui ! » Et la charmante indignée disparaît derrière un bosquet de camélias. Le croiriez-vous, messieurs les académiciens se sont effrayés des généreux éloges que M. Victor Hugo avait accordés au mérite des femmes ; ils ont exigé le sacrifice des passages les plus flatteurs, ils ont exigé le presque, ce presque à jamais fatal, qui lui sera toujours reproché comme un crime et dont il est presque innocent. Nous avons demandé les noms de ces ombrageux académiciens qui ont eu la faiblesse