çant… Elles ont des répugnances mystérieuses et invincibles qui leur font pressentir les trahisons avant que les traîtres eux-mêmes aient arrêté leur plan de perfidie. En politique et en affaires, le jugement des femmes n’est pas à dédaigner. Mais dans les choses qu’elles croient de leur compétence, et cependant qui exigent des connaissances étendues, des études approfondies, comme les arts et la littérature, l’influence des femmes est toujours mauvaise. Leur demi-instruction les égare, elles prennent leurs opinions toutes faites dans les livres, et elles perdent ainsi ce qui donnerait de la valeur à leur jugement : la fraîcheur et la sincérité de leurs impressions.
Sa servante, oui ; mais il ne consultait pas sa femme. Les
femmes bien élevées ont, en général, le goût faux en littérature.
Ô poëtes ! aimez-les, chantez-les, mais ne les consultez
pas. Demandez-leur des inspirations toujours, ne leur demandez
jamais de conseils ; ce sont souvent des muses bienfaisantes, ce
sont rarement des juges éclairés. Écrivez pour elles, mais
malgré elles. Chaque fois que l’on remarque une mode monstrueuse,
un excès de ridicule dans une époque littéraire, on
doit tout de suite en accuser les femmes de ce temps-là ; elles
seules en sont coupables. N’en déplaise à M. Ed. Mennechet, —
qui célébrait l’autre jour avec tant d’esprit et d’enthousiasme
l’influence des femmes sur la littérature, — l’autorité de
l’hôtel de Rambouillet a été funeste à la langue française, elle
l’a privée de ses mots les plus sonores, de ses plus poétiques
images. L’influence des femmes en littérature n’est guère plus
salutaire aujourd’hui. C’est à cette douce influence que nous
devons les horreurs à la mode. Ces adorables créatures aiment
les crimes, les descriptions détaillées des lieux infâmes ; on les
sert selon leur goût. Vous criez contre les auteurs et contre les
journalistes ; est-ce leur faute s’ils sont forcés de vous offrir de
telles peintures ? Ils avaient tous commencé par de riants
tableaux, on ne les a point regardés : alors il leur a bien fallu
chercher d’autres sujets pour attirer les yeux. M. Frédéric
Soulié, que vous attaquez si violemment, faisait jadis de jolis