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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 5.djvu/428

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LE VICOMTE DE LAUNAY.

les arts, si vous voulez que votre nom soit glorifié dans l’avenir : avec la froide science de la politique, un roi ne fait qu’un règne ; avec l’amour des arts, il fait un siècle ! »

Heureusement, une belle et intelligente actrice, mademoiselle Rimblot, a préservé Racine de cet outrage ; elle a appris le rôle d’Athalie en quelques heures ; elle ne l’a pas lu, elle l’a joué fort bien, aussi bien qu’on peut jouer un pareil rôle quand on n’a pas eu le temps de le composer et de l’approfondir. Ce rôle, il y a cinq ans que mademoiselle Rachel l’étudie. Espérons qu’elle le jouera bientôt devant un autre roi… (il ne s’agit point d’une révolution, rassurez-vous), devant un autre roi plus indulgent pour elle : le public.

Seconde accusation de cruauté : nous ne sortons pas de la famille royale. M. le duc de Nemours a une tournure très-noble et très-distinguée, tout le monde en convient. Il est impossible d’avoir plus que lui l’air d’un prince du sang et moins l’air d’un prince d’opéra-comique : dignité dans le maintien, bonne grâce dans la démarche, point d’affectation, point de préoccupation, c’est le bon goût naturel, c’est l’élégance involontaire, rien de mieux. Voilà, sans doute, de grands avantages ; mais faut-il faire de ces avantages le supplice de toute la cour ; et, parce qu’on a l’élégance des grands seigneurs d’autrefois, exiger des courtisans novices une étiquette incompatible avec les mœurs plus que républicaines d’aujourd’hui ? A-t-on le droit, parce qu’on porte fort bien l’uniforme, d’imposer à des invités pacifiques une sévérité de costume, une solennité de parure dont les habitudes laborieuses et bourgeoises font un ridicule douloureux ? Soyez beau, soit ; faites valoir vos avantages, bien ; mais ne contraignez pas les autres à vous faire valoir à leurs dépens, ceci n’est pas hospitalier.

Autrefois, les gens qui allaient à la cour étaient faits pour y vivre, et nous le disons dans l’acception la plus réelle du mot : dès l’âge le plus tendre, on les dressait à l’élégance, on leur apprenait à marcher, à saluer, à tenir leur chapeau, à se préoccuper de leurs poses, à mesurer leurs pas ; on les façonnait en cadence aux belles manières du monde. Les mémoires du temps ne sont remplis que de ces mots : « Il était grand et bien fait, il avait fort bon air, il avait grand air ; il portait bien