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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/357

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Jeanne à Hector.

Comme maman est triste ! Est-ce qu’il m’est arrivé un malheur ?

Hector.

Non, mais vous allez vous marier, et c’est toujours un chagrin pour une mère que de marier sa fille.

Jeanne.

Pourquoi ?… (Venant à la gauche de la comtesse.) Est-ce vrai, maman, que ça te fait de la peine que je me marie ?… Alors j’attendrai.

La Comtesse la faisant asseoir à côté d’elle.

C’est une peine que je désire, ma chère Jeanne ; mais le mariage est une chose sérieuse…

Jeanne.

Il faut être triste ?

Hector.

Non ; vous voyez bien que je suis joyeux, moi.

Jeanne.

Mais elle ?…

La Comtesse.

Donner sa fille à un mari, c’est se séparer d’elle, et cette séparation…

Jeanne vivement.

Nous séparer ! mais nous restons ensemble, n’est-ce pas, monsieur de Renneville ?

La Comtesse.

Si ce n’est une véritable séparation, c’est au moins un partage : tu n’aimais que nous, et maintenant un autre va nous enlever la moitié de ton affection.

Jeanne.

Ah ! pour ça, il faut vous y préparer ; j’aimerai mon mari, j’y suis décidée… Mais je t’aimerai toujours de même, il n’y paraîtra rien.

(Elle baise la main de sa mère.)
La Comtesse bas à Hector.

Je suis comme vous : quand je l’écoute, je me rassure.

Hector bas à la comtesse.

Moi, je n’ai plus aucune crainte. Amenez vite le nom de ce monsieur.