Comme maman est triste ! Est-ce qu’il m’est arrivé un malheur ?
Non, mais vous allez vous marier, et c’est toujours un chagrin pour une mère que de marier sa fille.
Pourquoi ?… (Venant à la gauche de la comtesse.) Est-ce vrai, maman, que ça te fait de la peine que je me marie ?… Alors j’attendrai.
C’est une peine que je désire, ma chère Jeanne ; mais le mariage est une chose sérieuse…
Il faut être triste ?
Non ; vous voyez bien que je suis joyeux, moi.
Mais elle ?…
Donner sa fille à un mari, c’est se séparer d’elle, et cette séparation…
Nous séparer ! mais nous restons ensemble, n’est-ce pas, monsieur de Renneville ?
Si ce n’est une véritable séparation, c’est au moins un partage : tu n’aimais que nous, et maintenant un autre va nous enlever la moitié de ton affection.
Ah ! pour ça, il faut vous y préparer ; j’aimerai mon mari, j’y suis décidée… Mais je t’aimerai toujours de même, il n’y paraîtra rien.
Je suis comme vous : quand je l’écoute, je me rassure.
Moi, je n’ai plus aucune crainte. Amenez vite le nom de ce monsieur.